Les derniers jours de l´humanité

Karl Kraus (1874 - 1936)
Les derniers jours de l'humanité

Tragédie en cinq actes avec prologue et épilogue
Nouvelle production
En allemand avec surtitres en anglais

Le drame monumental de Karl Kraus Die letzten Tage der Menschheit (Les derniers jours de l’humanité) est un bilan acerbe et incisif des horreurs de la Première Guerre mondiale. Écrit entre 1915 et 1922, le texte de Kraus explore les profondeurs sombres de la guerre et expose son absurdité grotesque et profondément insupportable à travers plus de 200 scènes : de la cécité cynique de l’establishment politique et de la désinformation diffusée par la presse à l’indifférence émoussée des masses. Kraus jette une lumière impitoyable sur la manière dont la folie de la guerre a été rendue inévitable par une confluence d’agendas politiques et de propagande de guerre, ainsi qu’une société qui a facilement cru aux mensonges. Comme il l’affirme clairement dans sa préface : "Les conversations les plus improbables dans cette pièce ont été prononcées mot pour mot ; les inventions les plus stridentes sont des citations directes." Puisant son matériau dans des événements documentés et des dialogues qu’il a entendus en public, Kraus fait de son public des témoins d’un monde qui plonge dans la guerre les yeux grands ouverts. Il considérait initialement Les derniers jours de l’humanité comme uniquement adapté aux lectures publiques et n’a accepté une version scénique qu’en 1928. Selon sa préface, il l’a écrit pour un "théâtre sur Mars", car aucune scène terrestre ne pourrait rendre justice au chaos qu’il décrit.

Dušan David Pařízek est connu pour ses mises en scène puissamment atmosphériques et a reçu de nombreux prix pour son travail en tant qu’écrivain, metteur en scène et scénographe. Sa production pour le Festival de Salzbourg de cette année mettra en lumière la pertinence contemporaine dérangeante des questions soulevées par Kraus. Qu’est-ce qui rend les gens sensibles à la désinformation, au populisme et à la propagande ? Qu’est-ce qui donne naissance à des idées délirantes et à la conviction de l’inévitabilité de la violence ? Quel genre de société préfère laisser penser et agir les autres ? Pařízek explore de manière critique les impulsions régressives et les symptômes de nos temps troublés : le dernier souffle d’un cycle civilisationnel marqué par des luttes autodestructrices pour le pouvoir, la glorification des guerres "justes" et une profonde instabilité émotionnelle et éthique. Nous partageons tous la responsabilité de ce monde sombre, ravagé par de multiples crises et la résurgence du nationalisme en Europe, et l’inculpation de Kraus s’applique donc à tous, des spectateurs à ceux qui détiennent le pouvoir. Son texte présente une vision sombre, un avertissement menaçant du passé. Il oblige chaque individu vivant aujourd’hui à affronter la question de sa propre responsabilité morale dans une réalité marquée par le populisme, la désinformation et le bellicisme.

Les derniers jours de l’humanité est bien plus qu’une condamnation de la guerre : il effectue une dissection acérée de la nature humaine. Kraus nous défie de réfléchir aux mécanismes de la violence, du pouvoir et de la propagande qui nous entourent encore aujourd’hui et qui menacent, encore aujourd’hui, de plonger le monde dans la folie. Un regard obsédant dans le vide, qui révèle l’humanité dans toute sa fureur destructrice et sa tragique imperfection.
Lena Wontorra

Programme et distribution

Dušan David Pařízek - Mise en scène et scénographie
Kamila Polívková - Costumes
Lena Wontorra - Dramaturgie
Peter Fasching - Musique

Distribution
Dörte Lyssewski
Michael Maertens
Elisa Plüss
Marie-Luise Stockinger
Peter Fasching - Musique en direct
et autres

Une coproduction des Festivals de Salzbourg avec le Burgtheater de Vienne