Siegfried Festival de Bayreuth 2025-2026
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Siegfried
En trois actes
Libretto : Richard Wagner
Langue originale : Allemand
Première : 16 août 1876, Bayreuth
Argument
Acte I
L'acte s'ouvre sur le Nain Mime qui, réfugié dans la forêt après la déconfiture d'Alberich, frappe sur une enclume pour forger une épée. Siegfried, fils des jumeaux Siegmund et Sieglinde (personnages de la Walkyrie), est son fils adoptif. La force du jeune homme est telle que, si habile forgeron que soit Mime, toutes les épées qu'il a jusqu'à présent forgées pour lui se sont cassées comme du cristal entre ses mains. Cette force inspire Mime. Siegfried est le seul qui puisse terrasser Fafner, le frère de Fasolt, qui s'est transformé en dragon grâce au Tarnhelm, le heaume magique, et qui passe son temps à dormir vautré sur son tas d'or dans sa caverne, Neidhöhl. Fafner mort, Mime espère récupérer le Tarnhelm, l'Anneau et le trésor. Pour cela il tente de reforger Nothung, l'épée de Siegmund brisée par la lance de Wotan (La Walkyrie), mais il utilise tout son art en vain.
Arrive Siegfried, accompagné d'un ours qu'il vient de capturer vivant au cours d'une chasse. Il envoie l'animal attaquer Mime afin que ce dernier se dépêche de lui fournir une nouvelle épée. Sa nouvelle lame en main, Siegfried s'emporte, casse la lame et moleste Mime. Il se gausse de sa médiocrité. Il s'ensuit une violente dispute au cours de laquelle Mime confesse qu'il n'est pas le père de Siegfried et lui révèle ses origines. Siegfried s'en va parcourir le monde en laissant Mime seul et en lui intimant de reforger Notung.
Mime est en pleine panique quand arrive un voyageur borgne (Wotan, appelé Der Wanderer - le Voyageur - dans tout l'opéra). Ce Voyageur demande refuge auprès de Mime. Une dispute éclate. Mime défie alors le Voyageur qui lui offre sa tête s'il ne peut pas répondre à trois questions
Quel peuple vit dans les profondeurs de la terre ? Les Nibelungen auxquels appartient Mime.
Quel peuple vit sur la crête du monde ? Les Géants dont viennent Fafner et Fasolt.
Quel peuple vit dans les monts célestes ? Les dieux dont Wotan est le maître.
Mime, vaincu, doit accueillir le Voyageur. Ce dernier se venge du mauvais accueil de Mime en lui lançant le même défi avec trois questions :
Quel est le peuple préféré de Wotan bien qu'il soit cruel envers lui ? Les Wälsungen dont sont issus Siegmund, Sieglinde et Siegfried.
Comment Siegfried peut-il tuer Fafner ? Grâce à Nothung.
Comment reforger Nothung ?
Mime ne connaît pas la réponse à la dernière question. Mais Wotan refuse de lui prendre sa tête. Il laisse la destinée de Mime entre les mains de celui qui pourra reforger Nothung. Il s'en va.
Siegfried réapparaît : alors, cette épée ? Qu'il puisse enfin quitter le nabot encombrant. Mais Mime va ruser : « Tu ne peux te lancer à parcourir librement la terre entière si tu ne connais pas la peur ». C'est une promesse que Mime aurait faite à Sieglinde, sa mère. Siegfried aiguillonné par Mime pense que Fafner pourra lui apprendre la peur. Siegfried reforge avec succès Nothung tandis que Mime prépare une boisson empoisonnée. Il a un nouveau plan, il empoisonnera Siegfried une fois Fafner mort. Il s'emparera ensuite de l'Anneau et du Tarnhelm pour devenir maître du monde. L'acte s'achève sur la joie délirante de Mime d'avoir élaboré un si bon plan et la destruction de l'enclume de Mime par Siegfried grâce à Nothung.
Acte II
Dans les ténèbres de la nuit finissante, près de Neidhöhl, la caverne de Fafner, Alberich guette celui qui s'approche de l'antre de Fafner avec la ferme intention de le tuer. Sa ronde l'amène à croiser le Voyageur. Alberich reconnaît Wotan et lui ordonne de partir mais le Voyageur reste : il ne fait que passer, observer et il ne fera rien. Wotan ne peut attaquer Fafner lui-même car, par contrat, il lui a remis l'Anneau. Alberich lui rappelle la malédiction qui le poursuivra si jamais il touche à l'Anneau. Alberich le soupçonne d'utiliser Siegfried à cette fin. Le Voyageur affirme sa neutralité. Fafner mort, il ne cherchera pas à reprendre l'Anneau.
Mais le jeune homme, poursuit le Voyageur, est accompagné de Mime qui a également des vues sur l'Anneau. Le Voyageur réveille ensuite Fafner et titille Alberich. S'il parvient à convaincre Fafner de lui céder l'Anneau, il doublera Mime. Mais Fafner refuse, malgré les avertissements d'Alberich, de rendre l'Anneau. Il a seulement aiguisé son appétit. Fafner retourne ensuite se coucher. Le Voyageur, satisfait et goguenard, s'en va en confiant à Alberich que seuls Mime et lui sont en concurrence pour l'Anneau.
Le jour s'est levé, Mime et Siegfried arrivent à Neidhöhl. Siegfried, abandonné par Mime, s'extasie sur la beauté environnante. En essayant d'attirer un oiseau, il réveille Fafner. Chacun défie l'autre, le combat s'engage et Siegfried vainc Fafner en lui fichant Nothung dans la poitrine. Fafner agonisant conte sa vie : le dernier des Géants, le fratricide... Brûlé à la main par le sang du dragon en reprenant Nothung, Siegfried se lèche les doigts. Subitement, il peut comprendre le chant des oiseaux. L'Oiseau lui parle du Tarnhelm et de l'Anneau. Siegfried entre dans la grotte du dragon.
Mime apparaît, Alberich surgit et lui ordonne de disparaître. Ils se disputent le butin. Mime veut bien lui donner l'Anneau s'il garde le Tarnhelm. Alberich veut tout garder pour lui.
Leur querelle est interrompue par Siegfried qui a pris les deux objets convoités. L'Oiseau lui dit de se méfier de Mime. Alberich reste confiant, la malédiction joue en sa faveur (L'Or du Rhin). Mime félicite le héros pour sa victoire. Il essaye de lui faire boire son poison mais Siegfried entend le fond de sa pensée au lieu de sa voix et comprend le dessein de Mime grâce au sang bu. Siegfried tue Mime. Caché, Alberich se réjouit. L'Oiseau parle à Siegfried de Brünnhilde qui dort sur un rocher cerné de flammes (La Walkyrie). Siegfried demande à l'Oiseau de lui montrer le chemin. Ils s'en vont.
Acte III
Au pied du Rocher de la Walkyrie, Wotan convoque une dernière fois Erda mais celle-ci ne peut plus l'aider à comprendre le monde. Il décide alors d'accepter et même de souhaiter la fin des dieux.
Guidé par l'Oiseau, Siegfried arrive. Wotan tente de lier conversation, Siegfried lui répond insolemment, Wotan se fâche et tente de lui barrer la route vers le Rocher avec sa lance qui autrefois brisa Nothung. Siegfried abat Nothung sur la lance de son grand-père, elle se brise. Wotan s'efface, les morceaux de sa lance à la main.
Siegfried franchit alors le cercle de feu. Il voit Brünnhilde endormie, la dépouille de son bouclier, de son armure et découvre que « Ce n'est pas un homme ! ». Il est saisi de panique et, pour la première fois, il ressent des tremblements de la peur. Mais c'est un jeune homme, ses pulsions lui font surmonter la peur et, après avoir vainement essayé par d'autres moyens, il éveille Brünnhilde d'un baiser. Une passion absolue naît entre la tante et le neveu. Brünnhilde abandonne alors la vie éternelle pour les passions humaines et annonce la fin des dieux.
Programme et distribution
Direction musicale : Simone Young
Mise en scène : Valentin Schwarz
Décors : Andrea Cozzi
Costumes : Andy Besuch
Dramaturgie : Konrad Kuhn
Lumières : Reinhard Traub, Nicol Hungsberg (29 juillet | 18 août – Remplacement)
Siegfried : Klaus Florian Vogt
Mime : Ya-Chung Huang
Le Voyageur : Tomasz Konieczny
Alberich : Olafur Sigurdarson
Fafner : Tobias Kehrer
Erda : Anna Kissjudit
Brünnhilde : Catherine Foster
Oiseau de la forêt : Victoria Randem
Festival de Bayreuth
Festival de Bayreuth
Bayreuther Festspiele Festival de Bayreuth
Palais des festivals de Bayreuth.
Lieu Bayreuth
Période juillet et août
Date de création 1876
Statut juridique Société à responsabilité limitée
Direction Eva Wagner-Pasquier et Katharina Wagner
Site web www.bayreuther-festspiele.de
Le festival de Bayreuth (Bayreuther Festspiele) est un festival d'opéra fondé en 1876 par Richard Wagner et consacré à l'exécution de ses dix principaux opéras. Il se tient chaque été au Palais des festivals (Festspielhaus) de Bayreuth, en Bavière, un théâtre conçu par Wagner pour pouvoir réaliser sa conception particulière de l'ouvrage lyrique comme « œuvre d'art totale »1.
Il s'agit de l'un des festivals de musique classique les plus prestigieux au monde, qui attire chaque année sur la « Colline verte » (appelée aussi « Colline sacrée » par les wagnérophiles français2), des passionnés dont beaucoup ont dû parfois attendre jusqu'à onze années pour obtenir des places, la demande étant plus de dix fois supérieure à l'offre. Ce succès, qui pourrait paraître surprenant pour un festival n'ayant à son répertoire que dix opéras inlassablement remis sur le métier, s'explique par le très haut niveau des partitions et des interprètes (chanteurs, chœurs et instrumentistes), une complexité et une richesse philosophique des livrets qui permettent une grande créativité et une diversité des mises en scène3 (voir ci-dessous L'atelier Bayreuth), le scandale qui a accompagné certaines productions des trois dernières décennies, le prestige d'un lieu conçu par Wagner lui-même, la véritable passion (qui confine parfois au fanatisme) dont son œuvre est l'objet, le contexte historique (Louis II de Bavière) et l'existence dans de nombreuses villes à travers le monde, de cercles wagnérophiles, fervents et actifs soutiens du Festival dès l'origine4.
Le festival a le quasi-monopole de la billetterie et seules deux ou trois représentations à guichets fermés, données une heure avant le début habituel des opéras (16 heures ou 18 heures), sont réservées aux tour-operateurs musicaux, qui amènent leurs clients en car le jour même de la représentation et repartent après cette dernière.
Bayreuth au début du XXIe siècle
Conférence de Wolfgang Wagner dans la fosse du festspielhaus en 2004.
Katharina et Eva Wagner en 2009.
Avant chaque représentation, le festivalier s'installe à l'hôtel mais le vrai wagnerophile loge chez l'habitant, effectue un pèlerinage le matin à la Wahnfried, la maison de Wagner, puis s'habille (smoking ou robe de soirée) et se rend l'après-midi (les réprésentations commencent en effet dès ce moment de la journée), au palais des festivals, gravissant à genoux la « Colline verte » puis attendant quelques minutes avant l'entrée que la fanfare des cuivres joue les thèmes principaux de l'œuvre et que les « blaue Mädchen » (les « filles en bleu », c'est-à-dire les ouvreuses) les placent dans la salle de spectacle5.
Jusqu'au 1er septembre 2008, le Festival est dirigé par Wolfgang Wagner, petit-fils du compositeur, maintenu à son poste bien que le conseil d'administration de la Richard-Wagner-Siftung ait en 2001 élu sa fille Eva Wagner-Pasquier pour lui succéder à partir de 2002 ; Wolfgang Wagner rejette cette élection, provoquant le retrait d'Eva, et entend transmettre la direction à sa femme Gudrun et leur fille Katharina. Nike Wagner, fille de Wieland, fait également acte de candidature. La possibilité qu'un non-Wagner accède à la tête du Festival est également évoquée.
Le 1er septembre 2008, le conseil d'administration décide de confier la direction du Festival conjointement à Eva Wagner-Pasquier et Katharina Wagner.
Une nouvelle production de la tétralogie L'Anneau du Nibelung est créée tous les cinq à sept ans, après une année sans tétralogie ; la dernière (par Tankred Dorst) vient d'être présentée à l'été 2006. 2013 verra l'apparition d'une nouvelle production de la tétralogie créé par Frank Castorf. Parmi les six autres opéras au répertoire, trois sont programmés les années de tétralogie, et cinq les années sans tétralogie.
En juillet 2007, Katharina Wagner a présenté une mise en scène des Maîtres Chanteurs qui a provoqué la colère d'une partie du public. Cette mise en scène renverse l'approche habituelle et fait de Beckmesser un artiste d'avant-garde tandis que Sachs et Walther se retrouvent dans le camp des conservateurs. Cette approche est fondée sur une analyse de la partition par le musicologue Gerd Rienäcker (pour lui, le rôle de Beckmesser "contient des innovations musicales frappantes" qui annoncent Berg et Stravinski) et du livret par le compositeur Ernest Bloch qui voit dans le détournement du texte de Sachs "quelque chose comme la naissance de Dada".
Selon le journal Le Point du 25 juillet 2012, « depuis plusieurs années, Bayreuth semble avoir perdu de son éclat » et « pour certains, la responsabilité du déclin incombe aux filles de Wolfgang » chargées de la direction du festival depuis 20089.
Le Festival maintient sans difficulté son succès : en 2012, il y a environ cinq cent mille demandes pour les cinquante-huit mille places mises en vente chaque été, soit plus de huit demandes par place. Le Kartenbüro (bureau des billets) attribue les places selon un système de liste d'attente, avec toutefois une priorité pour les membres de certains cercles wagnériens et les mécènes. Le temps d'attente peut varier entre cinq et onze ans selon l'ancienneté de la production et selon l'opéra concerné.